Vendredi 1er septembre
Distance 86 km – Dénivelé 401 mètres
Départ précipité
Ce matin, je pars tôt car il n’est pas question de louper le train. J’ai confondu l’heure d’arrivée à Bordeaux avec l’heure de départ de Bayonne. Heureusement mon épouse a encore une fois de plus récupéré le coup.
Ce matin, pas de petit déjeuner car il est servi trop tard. Ce sont des horaires de touristes. Je vais bientôt trouver une boulangerie ouverte.
Réveries
Il fait sombre, entre chien et loup. Comme je n’ai plus ma roue dynamo, j’ai installé deux frontales qui font parfaitement l’affaire. Un lapin hypnotisé par le halo de lumière hésite à traverser la chaussée.
J’aime bien ces instants avant le lever du jour, ils sont propices à la rêverie et la méditation, l’esprit s’égare parfois dans des méandres insoupçonnés. Ils sont agréables pour moi, mais ces heures peuvent aussi être tragiques. Il me revient en mémoire l’épilogue du livre « l’Étranger » d’Albert Camus : pourquoi Meursault qui a rendez-vous avec la mort avant l’aurore repousse l’aumônier venu soulager son âme ? A-t-il compris qu’il n’a plus d’issue, que ni Dieu ni les Hommes ne lui seront d’un grand secours ?
Soudain, d’insistants coups de klaxon et des vociférations émanant d’un véhicule rempli de jeunes fêtards vont abréger mon interrogation.
Le Pays basque
L’étape du jour est courte et contrairement aux jours précédents, la température est agréable. Je suis encore dans les Landes, je vais longer la Chalosse, le parcours plutôt plat au départ, va s’élever progressivement à l’approche du pays basque.
Les forêts de pins cèdent peu à peu la place à des chênes et d’autres essences ; les paysages vont progressivement changer : des champs de maïs, des élevages de canards, des prairies où paissent des vaches couleur crème, certainement des blondes d’Aquitaine. Plus au sud à l’approche de la plaine de l’Adour, d’immenses champs de kiwis d’où s’élève le ronronnement régulier des pompes alimentant les systèmes d’irrigation.
L’arrivée
Après Saint Martin de Seignanx, la circulation va devenir de plus en plus dense et dangereuse, beaucoup de camions ne s’embarrassent pas trop lors des dépassements. Les pistes cyclables sont inexistantes ou inappropriées, c’est la raison pour laquelle j’ai renoncé à aller jusqu’à Hendaye. L’année dernière au retour de Dunkerque- Hendaye, je n’avais pas du tout apprécié.
J’arrive à Bayonne vers midi, je suis en avance sur l’horaire, je vais trouver un restaurant pour me changer et déjeuner ; la patronne du restaurant m’incite à la prudence et m’encourage fortement à attacher mon vélo au réverbère devant son établissement car il y a énormément de vélos volés aux abords de la gare.
Le retour
J’ai réservé dans le TGV une place passager et vélo car il y a un emplacement dédié. Lorsque que je monte dans le train pour trouver ma place, l’espace vélo est squatté par les bagages des occupants du wagon. À l’arrivée des contrôleurs, ils sont sommés de dégager l’espace. S’en suit un épisode un peu cocasse, les voyageurs se révoltent contre les contrôleurs et le chef de bord et refusent de s’exécuter. Une femme en furie va même m’apostropher prétextant que ce sont les grands retours de vacances et que les vélos ne devraient pas avoir leur place ces jours là. Cette dame n’aime visiblement pas le vélo. Elle a de la chance qu’aujourd’hui je sois dans de bonnes dispositions d’esprit.
Je vais donc voyager jusqu’à Bordeaux devant les toilettes assis sur les marches à côté du vélo. Je ne vais pas me plaindre, les contrôleurs et le chef de bord du TGV sont venus me présenter des excuses pour le désagrément et je vais percevoir une confortable indemnisation de 6,45 euros !
Il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine, mais des efforts ont été consentis, les TER Bordeaux-Périgueux et Périgueux-Brive sont très bien aménagés et équipés de suspentes pour accrocher les vélos.
Le bilan
J’arrive enfin à Brive, où m’attend mon épouse, ce ne fut pas un périple de tout repos, je n’ai pas toujours été serein en raison des problèmes matériels et météorologiques que j’ai rencontrés, cependant j’en garderai un excellent souvenir.
Parcourir tant de départements à vélo ne laisse pas indifférent. Même si parfois il y a de la souffrance et de la fatigue, les rencontres et les lieux traversés font vite oublier tous ces désagréments.
Je voudrais remercier du fond du cœur mon épouse qui n’a pas ménagé ses efforts et s’est donnée corps et âme pour m’aider à réaliser mon projet.
Peut-être à l’année prochaine, comme dirait un ami « si le Tout Puissant le veut bien » !
Bravo à notre ami Serge pour son aventure, ses talents de conteur et la précision de ses descriptions.
Nous ne pouvons que l’encourager pour ses prochains projets et les récits de ses voyages cyclotouristiques.