Samedi 26 août
Distance 159 km – Dénivelé 1 447 mètres
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Les Américains
Après la journée chaotique d’hier, j’ai passé une bonne nuit et ai bien récupéré. Je descends prendre le petit déjeuner. Alors que je suis en train de m’installer, un couple d’américains entament la conversation. Lui est le manager de l’équipe américaine USA Cycling et elle, l’interprète de l’équipe. Ils sont à Monceau-les-Mines car ils ont engagé une équipe féminine sur le tour de l’avenir féminin. L’épreuve débute à Saint-Vallier tout près de Monceau par un « contre la montre ».
Il m’explique qu’il encadre également une équipe de jeunes garçons à fort potentiel, pour intégrer peut-être un jour une équipe professionnelle. Le Tour de l’Avenir s’achève dans les Alpes en fin de semaine prochaine, ils veulent profiter de l’occasion pour gravir plusieurs cols.
Il parle un français correct et me dit que le Tour de France fascine les coureurs américains. Pour eux, c’est la plus grande et belle course au monde.
Il me questionne sur mon projet et me confie que dans deux ans il va cesser son activité pour revenir en France et en faire le tour en cyclotouriste.
L’échange a été très courtois, mais je dois prendre congé et reprendre la route. Je leur souhaite bonne chance pour le Tour de l’Avenir.
Inquiétude
Ce matin, il fait frais et il y a du vent, le temps est maussade, les manchettes, les jambières et le coupe-vent sont de rigueur, je scrute le ciel avec l’espoir que les nuages amassés ne se déverseront pas en orages aussi violents que ceux qui se sont abattus la veille.
Je vais continuer sur la piste cyclable longeant le canal en direction de Digoin, elle est toujours aussi roulante. Sur les rives, les premiers plaisanciers se promènent sur le pont des péniches amarrées à la berge. Ils semblent perplexes en contemplant ces nuages qui ne laissent rien augurer de bon pour la journée.
Nostalgie
Une légère brume semble suspendue au-dessus de l’eau, des bandes de canards colvert s’ébrouent joyeusement. Surpris par mon passage, un héron terrorisé s’envole en poussant un cri.
Des pêcheurs matinaux semblent relever des cordes. Cela me rappelle mon enfance : la veille au soir, on allait poser nos cordes à anguilles que nous relevions au petit matin. Chaque fois, c’était l’exaltation de sentir entre nos mains la corde secouée par le soubresaut du poisson que nous tentions de ramener sur la rive. Parfois, dans la précipitation notre prise se décrochait. Quelle énorme déception nous envahissait !
La course
J’arrive à Digoin où je traverse la Loire. Il est un peu tôt, mais je vais m’arrêterpour manger. Je vais entrer dans l’Allier. J’aime ces routes qui épousent les rondeurs du paysage en se déliant en courbes harmonieuses, laissant entrevoir à chaque détour un paysage sans cesse renouvelé de prés et de bocages parsemés d’une multitude de points d’eau.
Dans une combe en contrebas de la route, des vaches blanches de race charolaises paissent dans la prairie. Prises d’une frénésie soudaine, les voilà qui entament une course folle dans la même direction que moi. Ces bovins qui courent, finissent par me distancer avant de disparaître dans un bosquet. Je suis un peu vexé d’être ridiculisé par ces bêtes à cornes !
Le paysage
Je vais traverser l’Allier à la sortie de Varenne-sur-Allier et la Sioule à Saint-Pourcain. Les vignobles de l’Allier accrochés aux coteaux sur les rives de l’Allier et de la Sioule apparaissent dans le paysage. Il paraît que ce sont les plus vieux vignobles de France. Ce vin aurait été servi à la table des rois de France ainsi qu’à la cour des Papes à Avignon.
Le parcours est un peu bosselé, mais je m’étonne qu’à 25 kilomètres de l’arrivée, je n’ai pas gravi plus de dénivelé.
L’apothéose
Je vais bientôt obtenir la réponse, je m’arrête à Bellenaves pour acheter des fruits secs et de l’eau. La boutique est tenue par un ancien diagonaliste qui me demande en riant si mes mollets sont chauds. Il me dit : « tu vois, la route que tu vas emprunter c’est notre Alpe-d’Huez à nous. Tous les week-ends, les clubs de la région viennent se tirer la bourre ». Je ne vais pas être déçu, la route ne va jamais cesser de grimper avec des passages à 12 %, je vais traverser un village qui s’appelle la Butte. Ça ne s’invente pas !
La grâce
J’arrive enfin à bon port. Je ne regretterai pas les efforts consentis en fin de parcours, car ce soir je vais encore dormir dans un endroit idyllique, des gens supers sympathiques qui nt quitté la ville et des métiers très rémunérateurs pour s’exiler à la campagne et tenter de se donner une vie plus agréable au contact de la nature. Nous prenons avec les autres hôtes un repas gargantuesque et passons une super soirée à aborder différents sujets.