Jeudi 24 août
Distance 127 km – Dénivelé 980 mètres
« J’ai passé une bonne nuit et pris un copieux petit déjeuner.
Aujourd’hui la journée s’annonce encore pénible car il fait déjà chaud au lever du jour. Un soleil de plomb est prévu pour l’après-midi. J’espère que ce satané bruit va cesser.
Haute-Saône
Au départ de l’hôtel, une longue descente me mène jusqu’à Le Thillot. Dans le passé, des mines de cuivre étaient exploitées dans cette région. À la sortie de la ville il faut gravir le col des Croix et basculer en Haute-Saône. Au pied du col tout change. Aux belles maisons à colombages des villages colorés alsaciens succèdent les austères maisons vosgiennes en pierre.
Le bruit a effectivement disparu, mais je vais tout de même me mettre en quête de cuvettes pour les remplacer. Mon épouse m’a trouvé des adresses de vélocistes. Un vrai parcours du combattant, je vais devoir me détourner plusieurs fois. Pas de chance, soit ils sont fermés, soit la pièce est sur commande et demande un délai de livraison.
Je vais rouler sur une route bordée de forêts jusqu’à Mélisey. Le cycliste Thibault Pinot est l’enfant du pays. Un portrait à son effigie est accroché dans une rue de la ville.
Lure
Avant Lure, un cycliste me rattrape et engage la conversation. Il me questionne sur la direction vers laquelle je me dirige et me déconseille vivement d’emprunter la nationale car elle est très accidentogène. Les cyclistes du coin la nomme « la route de la mort ». L’année dernière une licenciée de son club, partie seule pour une virée, a été retrouvée morte trois jours plus tard en contrebas de la route. L’enquête de gendarmerie a conclu qu’elle avait été accrochée par la remorque d’un camion.
Il m’invite à emprunter la voie verte. Comme le départ de cette voie est difficile d’accès pour un non résident à la région, il va se détourner et me guider vers le départ. Ce sont les agréables surprises de ces parcours, des rencontres fortuites avec des gens sympathiques et dévoués.
Je vais passer au sud de Vesoul. Comment ne pas penser à la chanson de Jacques Brel. J’hésite un instant, je pourrais peut-être y trouver mes pièces de rechange. Mais non, finalement je renonce. Contrairement au grand Jacques, je ne verrai pas Vesoul.
Chassey-les-Montbozon
La Haute-Saône est un département de polyculture et d’élevage, des champs alternent avec des pâturages où paissent paisiblement des troupeaux de vaches de race montbéliarde, de belles bêtes à la robe blanche avec des tâches rouges. Le lait de ces vaches est utilisé essentiellement pour la fabrication de fromages célèbres (Comté, Morbier).
Je vais déjeuner à Chassey-les-Montbozon. Dans l’après-midi, la canicule qui s’est abattue sur la France et les longues lignes droites interminables parsemées de moutonnements sévères rendent ma progression très pénible. Je fais souvent des haltes pour me désaltérer, car l’eau des bidons devient rapidement chaude et imbuvable.
En fin d’après-midi, les nuages commencent à bourgeonner, de menaçants cumulus roulent dans le ciel sur les collines environnantes, je perçois de temps en temps le roulement du tonnerre.
Le Doubs
La pluie longtemps menaçante se met à tomber, de grosses gouttes martèlent mon casque, je suis trempé, mais j’arrive in extremis avant que l’orage ne se déchaîne. Pluie et grêle s’abattent sur la région. Je suis entré dans le Doubs.
Le propriétaire des lieux est très attentionné. À peine mes habits retirés, il me propose de les laver et de les sécher, ce qui est très rare et fort appréciable.
Il va m’installer à l’étage d’un magnifique pavillon très confortable d’un quartier résidentiel. J’ai tout l’espace pour moi.
Le soir, nous partageons un succulent repas au cours duquel nous avons beaucoup communiqué. Sa maison est distante d’une dizaine de kilomètres de Besançon et le propriétaire des lieux en excellent ambassadeur de sa région, me suggère lorsque j’en aurai le temps d’aller visiter cette ville riche de plusieurs sites remarquables : le musée du temps et d’histoire de l’horlogerie, la citadelle construite par Vauban qui abrite plusieurs musées dont celui de la résistance et de la déportation et surtout de ne manquer pour rien au monde la maison natale de Victor Hugo.
Ce fut un plaisir de séjourner dans cette chambre d’hôtes et de faire connaissance avec des gens très sympathiques pour lesquels la motivation financière ne semble pas essentielle. Le propriétaire est un ancien DRH d’une grande entreprise.